Les personnages

La Vie en Turquoise

Louise

L’histoire commence alors que Louise n’a que 21 ans. À ce moment-là, Louise est une jeune fille à qui tout réussit : sa beauté lui vaut de faire partie du comité Miss France, elle est couvée par ses parents et elle a un petit-ami depuis plusieurs années. Louise rêve de fonder une famille et de travailler avec les enfants.

Au début, elle renvoie l’image d’une jeune fille parfois immature et capricieuse. Ingrate avec son entourage, elle semble placer beaucoup d’attente chez les autres et manque souvent d’empathie. Mais à travers la relation fusionnelle qu’elle entretient avec Ellie, on comprend qu’elle est en réalité très pudique sur ses émotions et elle se sert de l’humour et du sarcasme comme un masque pour ne pas dévoiler sa sensibilité profonde.

En tombant malade, elle va se découvrir capable d’une incroyable force de résilience, et sans se départir de son humour tranchant, elle va apprendre à s’ouvrir, à accepter l’aide et l’amour de ses proches. La sagesse qu’elle acquiert à mesure que sa fin de vie s’amorce, et les instructions qu’elle donne à sa famille pour gérer leur deuil après son départ montrent qu’elle gagne en maturité.

Ellie

Hypersensible, anxieuse, solitaire, mais dévouée. Si elle peut être perçue comme un personnage très Over dramatic au début, on comprend rapidement qu’en réalité elle souffre d’une peur bleue de l’abandon et d’une grande dépendance affective dues au harcèlement scolaire qu’elle a subi étant plus jeune.

Même si elle vit à Paris, sa vie gravite autour du noyau familial composé de ses parents et de sa petite sœur restés à Bordeaux. J’ai d’ailleurs trouvé intéressant le fait qu’elle soit très indépendante dans ses relations amoureuses, en comparaison à ce besoin viscéral d’être au plus près de sa famille.

On ressent également une Ellie très effacée à côté d’une Louise qui prend toute la place, de par son caractère explosif.

Avec ce bagage, rapidement on comprend qu’elle vit la maladie de sa sœur par procuration. L’apparition de TOC et d’un trouble dépressif nécessitant des arrêts de travail en sont la principale expression. Elle n’hésite pas à mettre à mal ses finances pour être au plus près de sa sœur en faisant de nombreux aller-retour à Bordeaux.

En début de récit, elle se présente comme une phobique de la mort. Elle pense ne pas survivre à la perte d’un être cher, mais son arc narratif la fait évoluer pour devenir un personnage plus résilient.

Maman et papa Personnages La Vie en Turquoise Elise Giraudau

Maman & Papa

« Maman »
Maman est dépassée par les évènements et malgré sa tendance à toujours voir le verre à moitié vide, elle reste présente et fait de son mieux, parce que c’est une maman qui aime ses enfants. Sa tendance à chercher les réponses rationnelles à chaque évènement vient du fait qu’elle a déjà été confrontée au deuil: elle ne veut pas se laisser bercer d’illusion. Ce trait de caractère lui sert à masquer sa peur de perdre Louise, et son envie de protéger Ellie face à ce qui l’attend.

Mais malgré cette apparente force de caractère, elle reste un être humain avec ses failles et ses appréhensions, et elle réalise que c’est OK de se montrer sous ce jour face aux personnes que l’on cherche à protéger.

«Рара»
Papa aussi est dépassé par les évènements, mais il ne l’exprime pas du tout de la même manière que sa femme. De par son âge avancé, le choc des générations étant encore plus frappant, il se place de lui-même en retrait dans cette famille en apparence unie. Sa relation conflictuelle et explosive avec Louise témoigne finalement du fait que père et fille se ressemblent peut-être plus qu’ils ne le pensent : ils ont du mal à exprimer leurs émotions et ont de grandes difficultés à communiquer.

Sa prise de conscience tardive et ses efforts pour se rapprocher de ses filles le rendent extrêmement touchant, et nous montrent qu’il n’est jamais trop tard pour montrer aux gens qu’on les aime.

Alexandre

Alexandre est issu de « la génération McDonald » : il n’a aucune patience et se complait à entretenir des relations superficielles. Il pense avoir de l’esprit et un mental d’acier, mais il a beaucoup de mal à se remettre en question.

C’est un bon gars, dans le fond, mais très centré sur lui-même : la preuve. S’il veut laisser croire le contraire, son manque d’empathie le confronte à son incapacité à être présent pour Ellie. Ses reproches face au manque d’implication de sa petite amie dans leur couple témoigne d’un caractère plutôt narcissique et égocentrique: Alexandre est encore un enfant, dans un certain sens.

Mais, si ce manque de maturité émotionnelle est détestable. beaucoup de ses interventions viennent toutefois mettre en lumière les faiblesses de Ellie.

Romain

Romain est à l’opposé d’Alexandre : il est calme, altruiste et fait montre d’une très grande maturité.

D’où vient sa capacité à être présent pour Ellie et à toujours trouver les mots justes ?

Il se montre très respectueux envers la personne d’Ellie et du fait qu’elle est en couple, c’est un mec intègre. On se doute très rapidement qu’il ressent quelque chose pour elle, mais il sait rester « à sa place » sans la brusquer.

Thibault

Thibault fait ses études à l’étranger. Il est très jeune au début du récit, il se voyait profiter de sa vie étudiante en Espagne, il se reposait beaucoup sur ses acquis dans sa relation avec Louise et il avait peut-être perdu l’habitude d’exprimer ses sentiments avec elle (assez tvoique dans des relations qui durent depuis plusieurs années). S’il choisit de faire l’autruche au début de la maladie, il revient finalement sur ses positions une fois le choc passé pour assumer le rôle protecteur et rassurant que Louise attend de lui.

Les bons amis

Armelle et Carole. Chacune devient une alliée inattendue au fil du récit. Armelle est solaire, elle semble branchée sous speed h24 et elle apporte une dose de fraîcheur pendant les séjours moroses de Louise à l’hôpital.

Carole, de son côté, est la voix qui rassure, et l’oreille qui écoute. Elle est une présence quotidienne, même si distante, car la plupart des échanges se font par SMS. La technologie n’est pas synonyme d’absence d’humanité.

Le fait qu’elles travaillent toutes les deux dans le monde de la santé permet également de montrer que si on a de mauvaises expériences avec le corps médical, il ne faut pas mettre tous les soignants dans le même panier, et il en existera toujours certains à qui on peut faire confiance.

Il y a aussi l’oncologue de Louise, rigolo et très humain, aux amies du comité Miss France, aux rencontres virtuelles de Ellie, qui même si elles demeurent anecdotiques, viennent illustrer une vérité criante de ce genre d’épreuve: l’aide et le soutien émotionnel surviennent généralement là où on les attend le moins.

Les « mauvais » alliés

Le Club des 5, Paul, les soignants qui feraient mieux de changer de métier, toutes ces personnes en qui on place des attentes et qui finissent par décevoir.

Entre les maladresses, les comportements révoltants et les paroles blessantes, ils sont eux aussi le reflet de la (triste) vérité qui existe. Les réactions d’Ellie et Louise face à eux sont sûrement celles de beaucoup de personnes qui sont dans une situation similaire.

Ces personnages permettent de dénoncer, mais aussi de provoquer un électrochoc et de faire prendre conscience aux gens des attitudes à adopter (et à oublier) quand on côtoie des malades et leurs proches.